Depuis 2006, Emeline vit au rythme des naissances, jonglant entre travail de jour et de nuit sans régularité. Elle partage les défis d’un métier passion : concilier vie personnelle et professionnelle, préserver sa santé avec un employeur démuni face aux difficultés des horaires décalés.
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Quel est votre rythme de travail ?
« Je peux travailler de jour ou de nuit, en général en 12 h et il n’y a pas de rythmicité. Cela peut changer dans la même semaine, on peut être de jour et de nuit.
Par exemple, il est possible de travailler de jour le lundi puis de nuit le mardi, avant de revenir à des quarts de jour en fin de semaine, illustrant l’absence totale de routine dans l’emploi du temps.»
Comment gérez-vous votre vie personnelle ?
«Je gère comme je peux en fonction du planning.
Au niveau de ma vie sociale, je sors surtout avec mes collègues puisqu’ils ont les mêmes horaires que moi. C’est plus compliqué pour le reste des personnes qui travaillent de façon classique et qui ne sont dispos que le week-end.
Pour la vie de famille, je suis obligée de m’adapter en fonction de mon planning, de quand je suis de nuit par exemple. Mon rythme me laisse plus de temps pour m’occuper de mes enfants, mais je dors beaucoup moins, forcément.
Je suis séparée de mon conjoint. En termes de conséquences sur ma vie personnelle, voici un autre exemple parlant. Mon ex-conjoint qui était aussi dans le médical avaient des gardes sur un autre rythme. Avec le recul, je pense que nos rythmes en décalé ont en partie conduit à notre séparation.»
Quelles sont les conséquences pour votre santé ?
« Jusque-là, je ne le ressens pas trop, mais je sens que je récupère moins bien. Je mets plus de temps à récupérer d’une nuit. J’ai de la chance de pouvoir quand même bien dormir, mais plus le temps passe et moins mon sommeil est qualitatif. »
Des actions ont-elles été mises en place par ton employeur pour pallier à cela ?
« Pas du tout. Ce n’est pas leur problème.
Il y a des soucis d’effectifs donc leur seul problème, c’est qu’on soit là. On a des moments de repos minimum légaux qu’on ne peut pas raccourcir, par exemple entre une nuit et un jour de travail. En raison du sous-effectif, commun à de nombreux hôpitaux, il devient difficile de respecter les cadres légaux requis, notamment en périodes de forte demande. »
Pourquoi avoir choisi ce métier ? Sait-on à quoi s’attendre ?
« On ne s’imagine pas ça. J’ai choisi mon métier parce que ça me passionnait. J’avais vraiment envie de faire celui-là et pas un autre. Mais si j’avais su à l’époque les conséquences que ça pouvait avoir sur ma vie personnelle et mon rythme de vie, je ne pense pas que j’aurais choisi cette profession.
Et pourtant, j’adore mon métier et je ne me vois pas faire autre chose. Mais je suis arrivée à un tel niveau de saturation que je suis en train de mettre en place de nouvelles choses et faire des formations pour arrêter le rythme à l’hôpital.»
Ce manque d’action souligne un besoin crucial d’attention et de changement dans la gestion des horaires décalés, pour mieux protéger la santé et le bien-être des travailleurs confrontés à ces défis au quotidien.
Il existe des solutions sur-mesure à la situation des travailleurs en horaires décalés. Shifters propose un programme conçu pour accompagner les entreprises et soutenir les employés confrontés à ces défis.
